Parution du Vol.10 n°1 Revue Sur le Journalisme (en ligne)

avec la contirubiotn d’O. BAISNÉE, A. CAVÉ, C. GOUSSET et J. NOLLET

Oliver Baisnée, Alizé Cavé, Cyriac Gousset, Jérémie Nollet

La « violence » des Gilets jaunes : quand la fait-diversification fait diversion. Les routines journalistiques à l’épreuve des manifestations à Toulouse (novembre 2018-juin 2019)

Sur le journalisme, About journalism, Sobre jornalismo [En ligne, online], Vol. 10 No 1 (2021) : Violences Publiques – Public Violence – Violências Públicas | Sur le journalisme, About journalism, Sobre jornalismo |15 juin - june 15 - 15 de junho. | pp. 28-43

https://doi.org/10.25200/SLJ.v10.n1...


Résumé

FR. L’article analyse la production des cadrages journalistiques du mouvement des Gilets jaunes, dans les premiers mois de celui-ci (novembre 2018-juin 2019). Analysant le travail des journalistes lors des manifestations qui ont eu lieu chaque samedi à Toulouse, il souligne que ces dernières ont été très souvent médiatisées sous l’angle des violences de certains manifestants contre des biens (vitrines de banques, matériel urbain, etc.), mais aussi contre les forces de l’ordre et parfois contre des journalistes. Ce cadrage invisibilise d’autres aspects structurants de ces mobilisations, telles que la violence sociale qui en est à l’origine, et la violence physique des forces de l’ordre contre les manifestants.
L’hypothèse explicative défendue dans cet article est que les routines du travail journalistique (dépendance aux sources officielles, à la représentation politique, etc.) n’étaient pas ajustées aux propriétés spécifiques de ce mouvement : recrutement social parmi les franges de la population les moins médiatisées, refus de désigner des porte-paroles et de développer des stratégies d’accès aux médias, violence des manifestations qui complique le travail des journalistes. Il en découle un cadrage fait-diversier qui tend à dépolitiser la représentation du mouvement des Gilets jaunes, en réduisant les manifestations à des éruptions de violences arbitraires et gratuites. Cet article repose sur un travail d’enquête collectif mené depuis novembre 2018. Celui-ci combine des observations dans les manifestations toulousaines, des entretiens semi-directifs (journalistes locaux ou nationaux, « street-reporters » etc.) et une étude du corpus de presse écrite et audiovisuelle, mais aussi des réseaux socio-numériques des Gilets jaunes.

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