Un article de Léo FORTAILLIER dans SOURCES Materials & Fieldwork in African Studies.

"Ne pas réveiller un serpent qui dort : une campagne d’éducation anti-xénophobie dans les townships du Cap (Afrique du Sud)"

Léo Fortaillier
Ne pas réveiller un serpent qui dort : une campagne d’éducation anti-xénophobie dans les townships du Cap (Afrique du Sud).

SOURCES, Materials & Fieldwork in African Studies, 2, dir. Élodie Apard et Cyrielle Maingraud-Martinaud, p. 169-198

Résumé
Depuis la fin de l’apartheid en 1994, l’Afrique du Sud attire de nombreux exilés africains qui fuient les conflits ou la pauvreté. Souvent désignés comme boucs émissaires dans un pays où persistent de fortes inégalités, ils sont régulièrement la cible d’attaques dans les townships. Celles-ci prennent une forme particulièrement violente en 2008, ce qui pousse des ONG « de service » pour migrants à organiser des actions de sensibilisation aux questions migratoires à l’attention des habitants des townships.

Pour comprendre leur approche, cet article se focalise sur un document de travail – une feuille de route – utilisée par l’Agency for Refugee Education, Skills Training and Advocacy (ARESTA) dans le cadre de sa campagne d’éducation anti-xénophobe. L’analyse se concentre sur la vision institutionnelle que cette feuille de route véhicule, autrement dit le regard que portent ARESTA et son principal bailleur, le Haut-Commissariat aux réfugiés (HCR), sur la migration et la xénophobie. L’article revient également sur l’interprétation particulière que fait un employé d’ARESTA de ce document et de cette vision lorsqu’il intervient dans des écoles pour s’adresser à un public adolescent. Pour cet employé, il faut pouvoir parler de migration et de xénophobie sans « réveiller un serpent qui dort », c’est-à-dire sans susciter le sentiment xénophobe qu’ARESTA veut combattre. S’il doit parfois bricoler le « discours politique dépolitisé » (selon l’expression de Bourdieu) du HCR et d’ARESTA pour l’adapter à cet objectif et à son audience, il évite les questions sensibles et contourne les difficultés en dépolitisant le sujet. Les arguments universels qu’il mobilise, qui visent à être consensuels à tout prix, empêchent la construction d’un « nous » qui remettrait en cause la distinction citoyens/étrangers au fondement de la xénophobie.

Article aussi disponible en anglais et portugais, il sera également bientôt disponible depuis la plateforme HAL : https://halshs.archives-ouvertes.fr/SOURCES/halshs-03190917

MOTS-CLÉS
ONG, réfugiés, migrants, xénophobie, droits humains, (dé)politisation, Afrique du Sud, UNHCR, township

Fortaillier, Léo. 2021. « Ne pas réveiller un serpent qui dort : une campagne d’éducation anti-xénophobie dans les townships du Cap (Afrique du Sud) ». Sources. Materials & Fieldwork in African Studies n° 2 : 169-198. https://www.sources-journal.org/485