Analyse longitudinale des rapports ordinaires au politique (2014-2017)
Un résultat électoral constitue un artefact statistique : l’agrégation strictement comptable de bulletins de votes qui sont autant de prises de positions hétérogènes, parfois contradictoires. Mieux comprendre le comportement électoral (dont son apparente volatilité ou le rejet électoral) suppose de mieux déchiffrer cette pluralité des intérêts pour un même vote (FN, socialiste…) pour étudier les schèmes (plutôt que les opinions inévitablement labiles) socialement différenciés de perception et d’évaluation du champ politique.
Une analyse longitudinale par panel sur 6 ans (au moins, des élections municipales de 2014 à l’après‐présidentielle de 2017) permettra d’approfondir considérablement les données disponibles pour des résultats a priori féconds. Elle entend rompre avec les apories et dangers de la généralisation des sondages d’opinions pour fournir des résultats plus fiables parce mieux produits et contrôlés. Cette innovation méthodologique, qui prolonge toutefois très directement les travaux fondateurs des équipes successives de Lazarsfeld dans les années 40 aux Etats‐Unis, constituerait semble‐t‐il une première en France. L’analyse de l’évolution des schèmes du jugement politique ne peut s’envisager sans l’étude simultanée de l’évolution de l’offre politique (propagande, médiatisation, campagnes électorales…) et ce projet s’inscrira le cas échéant plus largement dans le cadre des travaux en cours du groupe de recherche national SPEL (Sociologie Politique des Elections) créé en 2011 sous la direction de Daniel Gaxie (Paris 1) et qui rassemble la plupart des laboratoires et chercheurs spécialisés sur le comportement électoral en France.
Les recherches en sociologie électorale réalisent désormais un retour critique :
1‐ vers les variables lourdes
2‐ vers les variables subjectives
3‐ vers la structure de l’offre électorale.
Sociologie (CERTOP), STAPS (SOI), sciences de l’information et de la communication (LERASS), anthropologie, science politique, droit (LaSSP). Il associera notamment sur la période plusieurs dizaines d’étudiants et doctorants. S’agissant de la méthode, nous escomptons tout particulièrement bénéficier de la longue expérience des analyses de réseaux sociaux comme des enquêtes épidémiologiques et SHS toulousaines réalisées notamment dans le cadre de l’IFERISS. On espère progressivement y associer d’autres collègues selon l’évolution des questionnements qui, rappelons‐le, porteront d’emblée outre le politique, sur les pratiques culturelles et médiatiques. Les résultats sont précisément attendus pour et par une interdisciplinarité raisonnée autour de l’outil de l’analyse longitudinale avec la volonté de dépasser l’approche trop politico‐centrée des analyses électorales.
Il s’agit encore de perfectionner des outils et méthodes d’analyses pour l’analyse longitudinale et l’analyse de réseaux avec le souci d’intégrer les analyses sémiologiques internes (analyses du matériel de propagande, des discours politiques ou des contenus de la presse) et les méthodes externes ou sociologiques (entretiens avec les candidats, journalistes, observations des meetings, des campagnes électorales…).