Une Histoire particulière - France culture avec Yves POURCHER (LaSSP)

Alfred Nakache : nageur en eaux vives podcast des 27 et 28 janvier 2024


Alfred Nakache : nageur en eaux vives

Un documentaire en deux épisodes

Épisode 1 : Le collectionneur de records
Épisode 2 :  : Le survivant d’Auschwitz

Alfred Nakache voit le jour à Constantine, en Algérie, en novembre 1915. Cadet d’une famille juive de onze enfants, c’est pour vaincre une phobie de l’eau qu’il fréquente dans un premier temps les bassins. Sa progression est rapide : à 17 ans, en 1933, il participe à ses premiers championnats de France, puis déménage à Paris dans la foulée pour se consacrer entièrement à la natation. Dans les bassins, tout va bien pour celui qui popularise la brasse papillon. En septembre 1934, pour ses deuxièmes championnats de France, il termine deuxième derrière la légende Jean Taris sur 100 mètres, à 18 ans. En 1935, il s’empare du titre. Le premier d’une collection de 21 médailles nationales. En 1936, après avoir battu le record d’Europe du 4x200 mètres, Nakache prend la direction des JO de Berlin. Avec le relais 4x200 mètres français, Nakache termine 4e, juste devant les Allemands, mais pas sous les yeux d’Hitler, comme la légende le raconte. En réalité, vexé de ne pas voir plus d’Allemands sur le podium, le Führer n’assiste plus aux épreuves.

Après la débâcle de juin 40, le maréchal Pétain abroge le décret Crémieux de 1870, qui attribuait la citoyenneté française aux Juifs d’Algérie. Nakache est déchu de sa nationalité. Conséquence : il s’exile en zone libre. Il se réfugie à Toulouse. Il y découvre le club de natation des Dauphins du T.O.E.C. (Toulouse olympique employés club), l’un des plus prestigieux du pays. Nakache y signe. Mais il lui est interdit d’exercer son métier de professeur.
Paradoxalement, il continue à nager et représenter la France en compétition. En 1941, il bat même le record du monde du 200 mètres à Marseille. En 1942, il glane encore cinq titres aux championnats de France. Il ne nage pas. Il vole. Son surnom « Artem », le poisson. En 1943, la Gestapo réagit et lui interdit, comme aux autres athlètes juifs, de s’aligner au départ des championnats de France de natation. Son ancien rival dans les bassins, Jacques Cartonnet, qui est alors chef du service jeunesse et sports de la milice de Haute-Garonne, l’a-t-il dénoncé ? Nakache est arrêté avec sa femme et sa fille en décembre 1943. Ils sont déportés à Auschwitz.

Un documentaire de Michel Pomarède, réalisé par Céline Ters. Prise de sons, Pierric Charles, Manon Houssin, Claire Levasseur et Martin Troadec. Mixage et spatialisation, Pierric Charles. Coordination, Christine Bernard. Attachée de production, Sylvia Favre-Steyaert.


Bibliographie et filmographie sélectives

Ouvrages :
• Denis Baud, Alfred Nakache, le nageur d’Auschwitz (Loubatières, 2009)
• Pierre Assouline, Le nageur (Gallimard, 2023)
• Yves Pourcher, Brasse Papillon, le roman d’un collabo (Gaussen, 2021) et L’Exil des collabos 1944-1989 (Le Cerf, 2023)
Films :
• Nage libre (2017) de Thierry Lasheras (France, documentaire, 52 mn, Eva Production / France 3 Sud-Ouest, 2017. Avec le soutien de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah)
• Alfred Nakache, le nageur d’Auschwitz de Christian Meunier (France, documentaire, 52 mn, Doriane Films, 2001)